« La S-et-L, département le plus défavorisé de Bourgogne »
Le secrétaire départemental du syndicat FSU 71, Philippe Dormagen, n’est pas étonné par les chiffres de suppressions annoncés mais craint une aggravation de la situation de l’enseignement, pour les professeurs comme pour les élèves.
« Nous étions déjà en grève le 28 septembre dernier pour ce problème particulier des effectifs. La FSU condamne la politique budgétaire du gouvernement pour l’éducation nationale. Il suffit qu’il y ait huit élèves de moins, dans le secondaire, pour que l’on supprime un poste ! L’État fait des économies au détriment du service public de l’éducation.
On constate une dégradation des conditions d’un enseignement qui est de plus en plus assuré par des emplois précaires mal payés, à temps partiel, ce qui se fait obligatoirement au détriment des élèves. On note par ailleurs une dégradation du travail des enseignants avec des classes surchargées dans les villes. On a de moins en moins la possibilité de prendre en compte les élèves en difficulté.
Et en Bourgogne, la Saône-et-Loire est défavorisée par rapport aux autres départements. La préfète avait promis d’intervenir pour un rééquilibrage au niveau régional, nous attendons les résultats.
Et au-delà des effectifs, c’est au statut même des enseignants que l’on s’attaque, avec la modification des décharges, qui nous donne pour seul choix de travailler plus ou gagner moins. Or nous constatons que le pouvoir d’achat d’un professeur diminue d’année en année.
Nous ne resterons pas sans rien faire : nous appelons à une grande manifestation le 20 janvier à Paris ».
Antoine de Matos, président de la FCPE 71, se dit inquiet quant à l’avenir de l’enseignement. « Ces suppressions de poste ne seront pas sans effet sur la qualité de l’enseignement. Il y aura de nouveau des problèmes de remplacement pour les professeurs. Et cela va amplifier la réduction des filières et des options dans les lycées. D’un côté on parle de l’importance de l’éducation nationale et d’un autre, on supprime des postes ! On ne restera pas sans réagir. Nous allons nous rapprocher des syndicats enseignants pour voir ce que l’on peut faire afin de sauver ce service public menacé ».
Le président de la PEEP de Saône-et-Loire, Bertrand Leblond, a préféré, quant à lui, attendre de pouvoir prendre connaissance des chiffres nationaux, régionaux et départementaux, pour pouvoir faire une analyse plus approfondie de la situation et faire part de sa réaction.
M.-C. B.-F.
LE RECTEUR COMMENTE LES 265 SUPPRESSIONS DE POSTE ANNONCÉES
Olivier Dugrip : « Le temps des vaches grasses est terminé »
La baisse du nombre d’élèves dans le secondaire et le changement de règle, pour les décharges des professeurs, va conduire à la suppression de 265 postes d’enseignants dans l’académie de Dijon.
Le projet de carte scolaire pour la rentrée 2007 dans les collèges et lycées prévoit la suppression de 265 postes équivalents temps plein d’enseignants pour l’académie de Dijon (lire notre édition d’hier). Des chiffres que le recteur, Olivier Dugrip, justifie par la double logique d’une baisse des effectifs des élèves dans le secondaire, et d’un changement des règles en matière de décharge des professeurs. Les syndicats d’enseignants et de parents d’élèves considèrent eux, ces suppressions comme inquiétantes pour l’avenir (voir ci-dessous).
On ignore pour le moment quel sera l’impact de ces suppressions en Saône-et-Loire. « la répartition sera effectuée établissement par établissement, car il faudra analyser la part de retrait de postes relevant de la baisse démographique et celle due à la modernisation des décharges de l’enseignement », explique Olivier Dugrip.
Sur les 265 postes visés, en effet, 187 emplois seront supprimés dans le second degré en raison de la perte de 2 800 élèves d’une année sur l’autre. Un chiffre toutefois révisé à la baisse par le recteur : « l’académie bénéficie de 11 emplois supplémentaires au titre des unités d’intégration pour les élèves handicapés et des dispositifs relais, la baisse nette est donc de 176 emplois ».
Par ailleurs, 78 postes équivalents temps plein vont être supprimés suite à la réforme des décharges de l’enseignement, le décret de 1950 qui prévoit ces décharges, ayant été modifié.
« Cela concerne essentiellement les décharges des professeurs de première et terminale qui bénéficiaient d’une heure hebdomadaire. Le nouveau texte prévoit que la décharge ne sera maintenue que pour les professeurs qui enseignent une matière du baccalauréat : cela concerne donc la plupart des professeurs de première. De plus, la décharge de 3 heures bénéficiant aux professeurs d’éducation physique ne sera maintenue que si cette décharge correspond à une réalité concrète (c’est-à-dire si elle permet effectivement à l’enseignement d’animer l’association sportive de l’établissement).
La disparition de ces décharges va permettre de ne pas recruter ou de ne pas remplacer des professeurs qui prennent leur retraite, à raison de 78 équivalents temps plein pour l’académie ».
Pour compléter l’analyse, Olivier Dugrip précise que l’académie bénéficie de 5 emplois infirmiers et 2 emplois de médecins scolaires et rappelle que pour le primaire, une augmentation de deux postes d’enseignants est prévue au regard de la légère augmentation des effectifs.
« Un rééquilibrage démographique sera effectué entre les différents départements de l’académie », précise-t-il, « il y a les chiffres et leur ratio d’un côté et les réalités sur le terrain, qui sont différentes selon que l’on se trouve en zone rurale ou urbaine. On peut avoir ainsi de classes de 20 ou de 30 élèves. Au collège d’Epinac, par exemple, on compte 200 élèves pour 10 classes, alors que dans l’agglomération chalonnaise ou mâconnaise, il y a des classes à 30 élèves. Mais c’est le prix à payer dans l’académie pour maintenir du service public en milieu rural. Il y a un nombre important de petits collèges très consommateurs de moyens. Mais leurs élèves n’ont-ils pas le droit, comme dans les grandes villes, de pouvoir étudier par exemple le latin ? Bien sûr, selon l’endroit où l’on se trouve, on n’a pas la même perception du système. Mais il faut admettre que le temps des vaches grasses est terminé et que, désormais, seul le service effectif sera rémunéré ».
M.-Ch. Baron-Fagé