GENERATION SACRIFIEE…

Je partage l’exaspération et la colère de la jeunesse. Comme elle je ne supporte pas l’exclusion sociale à l’école et à l’université, la recherche démoralisante d’un vrai emploi…

Comme elle, je ne supporte pas la pauvreté grandissante face au luxe indécent étalé par une minorité et le chômage de masse alors que le CAC 40 s’envole. Comme elle, je ne supporte pas les humiliations incessantes, les contrôles oppressants, les délits de faciès qui sont autant de violences quotidiennes faites aux jeunes qui voient leurs parents tant souffrir et perdre leur emploi pour faire tourner, ailleurs, les entreprises délocalisées afin de conforter le portefeuille des gros actionnaires…

Comme elle, je ne supporte pas davantage les provocations verbales et les divisions réelles entretenues par certains entre les générations, entre les actifs et les retraités, entre les biens portants et les plus fragiles, entre les « beaux quartiers » et les cités au mépris de la mixité sociale et de la solidarité pourtant vantées unanimement par l’Etat.

Il y a quelques semaines, devant des caméras complices, le ministre de l’intérieur a su provoquer l’incendie et mettre de l’huile sur le feu dans des quartiers transformés, depuis tant d’années, en véritables ghettos. Il n’a pas tendu une seule fois la main à tous ces jeunes qui souffrent et qui sont tombés dans le piège de la violence. Il n’a pas prononcé un seul mot d’autocritique sur une politique délibérée qui fait tant de ravages sociaux…

Aujourd’hui, le Premier ministre, aussi droit dans ses bottes qu’un de ses prédécesseurs, s’entête à vouloir maintenir le CPE pourtant refusé par une majorité grandissante de jeunes et de citoyens. Il préfère soutenir ses amis du patronat, qui au nom de la liberté d’entreprendre voudraient surtout obtenir la liberté de licencier sans aucune contrainte et en finir avec le code du travail.

A ce jour, le Premier Ministre n’a laissé filtrer aucun espoir pour l’avenir, aucune mesure concrète pour offrir des perspectives à une jeunesse qui a de plus en plus de mal a trouver son premier vrai emploi. Il doit comprendre que gouverner c’est aussi dialoguer. Il doit retirer le CPE et ouvrir de vraies négociations.

La jeunesse vient de lui faire savoir qu’elle n’était pas une variable d’ajustement de l’économie de marché. Elle vient d’affirmer qu’elle était l’avenir du pays. Je ne doute pas un instant, qu’avec une grande maturité, elle saura résister aux paillettes, aux fausses modernités et à la liberté du renard dans le poulailler.

Le 17 mars 2006

Lucien Matron,

FSU 71