Chères et chers collègues,
INTERPELLATION à l’IA-DASEN du 71, le 30 avril 2020
Copie à :
Madame la Secrétaire Générale,
Madame L’IEN Adjointe,
Mesdames et Messieurs les IEN de circonscription.

Monsieur l’IA-DASEN de Saône-et-Loire,

Suite aux interventions publiques du Premier Ministre et du Ministre de l’Education Nationale, le SNUipp-FSU 71 vous interpelle car de nombreux points nous semblent encore à éclaircir afin de pouvoir organiser un retour dans les écoles présentant suffisamment de garanties pour la protection sanitaire des élèves et des personnels et proposant une organisation qui permettent d’y voir clair.

S’il nous semble en effet souhaitable, en particulier pour des raisons sociales, qu’un grand nombre d’élèves retrouvent la protection et l’ouverture que leur apporte l’école, cela ne saurait néanmoins se faire dans n’importe quelles conditions.

Vous trouverez ci-dessous les questionnements et conditions qui nous semblent devoir trouver réponse avant tout retour en classe. S’il nous semble peu probable que des réponses satisfaisantes à l’ensemble de ces points soient apportées d’ici au 12 mai, nous sommes néanmoins en attente de vos remarques et informations sur ces points.

14 questions en attente de réponses

  1. Quelle prise en considération administrative et quelle démarche à suivre pour les enseignant.es qui ne pourront pas aller en classe (état de santé personnel fragile ou celui d’un proche, enseignant.es les plus âgé.es, enseignant.es trop angoissé.es par la situation pour envisager un retour à l’école) ?

  2. Quels moyens de dépistage pour les personnels qui ne savent pas, aujourd’hui, s’ils sont porteurs du virus et ne veulent prendre le risque de le transmettre à leurs élèves et leurs collègues ?
  3. Quelle responsabilité incombe aux enseignant.es et directrices et directeurs par rapport à l’accueil des élèves en matière de santé ? Quel sont les risques légaux encourus par les personnels si les élèves contractent le virus à l’école?
  4. Masques de protection : pour qui ? Est-il possible de faire porter des masques à des enfants ? Si oui à partir de quel âge ?
  5. Comment faire respecter aux élèves les gestes barrières dans une classe, en récréation, à la cantine ? Comment assurer la non-propagation virale par le matériel utilisé (jeux, jouets communs, mais aussi cahiers, livres partagés, matériel pédagogique non-individuel ou circulant entre les élèves et l’enseignant.e…) ? Doit-on faire classe sans ce matériel? Auquel cas, comment faire ? Ou doit-on faire classe avec ce matériel? Auquel cas pouvez-vous nous préciser les conditions sanitaires et les pratiques requises ?
  6. Quelle prise en compte de la situation de nos collègues ayant des enfants de moins de 16 ans? Leurs enfants seront-ils accueillis comme ceux des personnels prioritaires ?
  7. Il y a en effet des enfans dont l’accueil est prioritaire (enfants de soignant.es, Aide Sociale à l’Enfance, forces de l’ordre…enseignants?).  Puisqu’un accueil par roulement a été demandé par le gouvernement, il y a des jours où ces enfants n’auront pas classe. Quelles seront modalités pour la prise en charge de ces enfants? Comment faire si leur présence fait dépasser le nombre maximal d’enfants accueillis? Sont-ils prioritaires sur les autres élèves? Renverra-t-on les autres élèves? Ou assume-t-on que le plafond du nombre d’élèves par classe évoqué par le gouvernement est intenable? Est-ce votre avis? Si c’est le cas, allez-vous le communiquer au directeurs, aux élu-es et à la population? Que pensent les autorités sanitaires de cette éventuelle position?
  8. Quelles modalités pour limiter le nombre d’élèves par enseignant.e ? Quels critères pour choisir les élèves qui viennent ou non à l’école ? Les familles ont-elles le droit de scolariser leur enfant, puis de changer d’avis? Si des familles décrocheuses ne sont pas volontaires pour envoyer leur enfant à l’école, que faire?
  9. Quelle organisation envisager pour éviter les attroupements aux abords des écoles et dans les couloirs des écoles maternelles ?

  10. Qu’en est-il de la reprise pour les élèves en situation de handicap dans les écoles ou en établissement spécialisé ? Les inclusions seront-elles envisagées? Qui est prioritaire dans une classe lorsque le plafond du nombre d’élèves est atteint ?
  11. Quelle solution pour un élève en situation de handicap si l’AESH n’est pas présent.e ? Si l’AESH est présent.e, quelles mesures sanitaires spécifiques pour gérer une indispensable proximité avec l’élève ? Lorsque le moyen de compensation est mutualisé, comment sera réparti le temps de présence de l’AESH  de deux enfants scolarisés en même temps dans deux lieux différents ?
  12. Quelle organisation matérielle pour les prises de repas dans la classe? Si le personnel municipal est insuffisant pour les encadrer, qui le fait ? Quel lieu de travail reste-t-il pour les enseignant.es durant le temps méridien ? Par ailleurs les enseignants doivent-ils rester toute la journée à l’école? Si oui, comment faire classe à l’autre partie de la classe en distanciel depuis l’école s’il reste des élèves de la classe dans l’école ?  Les enseignants ne pourront pas à la fois assurer une journée de classe en présentiel et un suivi à distance. Ou pensez-vous que si? Le Ministre a-t-il donné des consignes en la matière? Comment d’ailleurs faire classe en distanciel depuis l’école si le matériel informatique de l’école est obsolète?

  13. Quel suivi pédagogique sera proposé, et par qui, pour les élèves qui ne seront pas en classe mais dont l’enseignant animera la classe à l’école?
  14. Qui prendra en charge les élèves à l’école si leur enseignant n’est pas en présentiel ? Ces élèves seront-ils prioritaires sur les autres pour être accuellis ?

12 conditions pour rouvrir les écoles

  1. La possibilité de télétravailler pour les enseignant.es qui ne peuvent aller à l’école et l’attribution d’autorisations d’absence avec plein traitement pour les personnels qui ne peuvent le faire (devant garder leurs enfants par exemple).

  2. La garantie d’une dotation suffisante en matériel de protection (masques, gel hydroalcoolique) et d’au moins un thermomètre par école pour tester chaque enfant en début de journée et selon les besoins (selon la taille des écoles).

  3. La vérification du nombre de points d’eau et de poubelles adaptées dans les écoles, la présence de savon et d’essuie-mains jetables.

  4. La désinfection régulière des salles, du mobilier et du matériel utilisé quotidiennement.

  5. La possibilité de tester les personnels et les élèves symptomatiques ou à risque ainsi que ceux et celles qui le souhaitent.

  6. La limitation des effectifs bien en-dessous des 15 élèves/classe annoncés par le Ministre, chiffre à nos yeux inadapté pour les écoles dont la majorité des classes font moins de 50m². Un effectif maximum de 8-10 en CE-CM, 5 pour les GS et CP et une réflexion sur la pertinence de faire effectivement venir dans les écoles les plus jeunes encore incapables de suffisamment de contrôle pour respecter le moindre geste barrière est demandée.

  7. Une information claire et précise avant toute reprise sur la mise en œuvre des mesures de prévention et d’hygiène, sur les obligations sanitaires et les droits des personnels, en particulier en termes de responsabilité civile et/ou pénale.

  8. La mise en place de cellules de soutien psychologique pour tou.tes les agent.es et les élèves qui en auront besoin. Le traumatisme de la population auquel le pays devra faire face (maladie, décès, violences conjugales et familiales…) doit en effet être anticipé.

  9. Une pré-rentrée d’une durée suffisante pour que l’accueil des élèves ne se passe pas dans des conditions d’insécurité ni d’angoisse exacerbée par l’impréparation. Une journée ne semble pas suffisante.

  10. Une clarification du Ministère par rapport aux contenus pédagogiques : le confinement n’a pas pu être l’occasion de nouveaux apprentissages et la période de semi-scolarisation à venir ne pourra l’être davantage puisque l’ensemble des élèves ne sera pas présent dans les classes. Cette clarification devra également avoir lieu localement par la DSDEN.

  11. Une clarification par rapport aux missions : les enseignant.es présent.es en classe ne pourront doubler leur journée de travail en assurant par télétravail la poursuite des activités avec les élèves non présent.es.

  12. La garantie que le Covid-19 soit reconnu maladie imputable au service.

En attendant de recevoir de votre part des éléments de réponse à ces questionnements,

nous vous prions de croire, M. L’IA-DASEN de Saône-et-Loire, à notre dévouement au Service Public d’Education.

Le Conseil syndical du SNUipp-FSU 71
EXPRESSION DU CONSEIL SYNDICAL du SNUIPP71
sur le plan de déconfinement

Ras le bol !

L’intervention du Premier Ministre est tombée, rapidement commentée sur BFM par le Ministre. Cette façon de procéder est caractéristique du gouvernement en place : avec ou sans contexte de crise, les décisions sont prises tout en haut et directement communiquées à la population via les médias pour être mises en œuvre sans aucune concertation, ni avec les acteurs de terrain par l’intermédiaire de leurs représentants syndicaux ni même avec les échelons intermédiaires de la hiérarchie.

Résultat : comme les décisions ne sont jamais en adéquation avec la réalité du terrain (le ministre a-t-il lui-même la connaissance des spécificités de chacun des niveaux d’enseignement ?), le ministère est toujours obligé de rétropédaler, de donner des injonctions contradictoires voire pire encore, de faire adapter l’ensemble du système scolaire aux inepties annoncées pour ne pas perdre la face !

Les annonces du moment…

Non seulement les ministres qui se sont exprimés depuis mardi (E. Philippe à l’Assemblée Nationale puis J.M. Blanquer sur TF1 dans le JT de 20h) n’ont pas apporté les réponses indispensables aux questions pratiques posées par notre profession mais en plus, les modalités de la réouverture telles qu’elles sont envisagées maintenant sont encore moins claires qu’après les précédentes annonces !

Alors que seuls les élèves de grande section, CP et CM2 devaient être accueillis dans un premier temps, il semble bien que ce soit finalement le cas pour l’ensemble des niveaux ! Le discours a été pour le moins flou et a manqué de précision mais cette interprétation semble légitime.

Scandaleux !

Alors que les rassemblements publics de plus de 10 personnes seront interdits (pour les adultes !), envisager 15 élèves + 1 enseignant.e dans une salle de classe ne pose pas de problème ?!

La question des masques

Il est admis que les élèves des écoles ne pourront pas porter de masque alors que le port sera obligatoire pour les collégiens : c’est un fait, le port du masque 6 heures par jour (voire plus) par des enfants ne semble pas envisageable. Mais l’idée d’un collectif sans masques dans toutes les salles de classe ne questionne pas nos dirigeants par rapport à la sécurité des un.es et des autres ?!

Mensonge, encore !

“La réouverture des écoles est nécessaire pour garantir la réussite éducative des élèves les plus vulnérables”. Le Premier ministre ose introduire son propos en rappelant l’objectif de recherche de justice sociale. Il est malhonnête de la part du gouvernement de ne pas avouer son objectif réel : faire tourner l’économie.

D’ailleurs, les preuves sont là :

  • les crèches et les écoles rouvriront en premier
  • suivies de près par les collèges pour les classes de 6ème et 5ème seulement
  • la rentrée des élèves de 4ème et 3ème ainsi que celle des lycéen.nes n’est pas envisagée et sera soumise à une nouvelle réflexion fin mai ou début juin
  • la scolarité ne sera pas obligatoire

 Ce nouveau projet d’organisation prouve que l’unique objectif est bien de permettre la garderie des enfants des travailleuses et des travailleurs. En effet, au lieu des élèves des classes charnières au collège (6ème et 3ème), l’accueil sera finalement proposé pour les 6èmes et 5èmes (eh oui, un enfant de 3ème se garde plus facilement tout seul qu’un enfant de 5ème !). Dans les écoles, on abandonne aussi l’idée des classes charnières, il va falloir accueillir celles et ceux qui ont besoin d’être accueilli.es. Quant aux lycéen.nes et collégien.nes de 4ème/3ème, assez grand.es pour ne pas avoir besoin d’une garderie, ils/elles resteront à la maison.

En gros, plus les élèves sont jeunes, moins ils sont en capacité du contrôle nécessaire pour mettre en œuvre les gestes barrières et plus tôt ils seront accueillis dans un cadre collectif et sans protection !

 

Ajoutons à cela que tous les parents ne seront pas soumis à l’obligation scolaire et que certains pourront ainsi faire le choix de ne pas imposer à leurs enfants un retour à l’école dans ces conditions, là où d’autres y seront contraints professionnellement, sans autres moyens de garde et sans possibilité de télétravailler.

Rien ne manque pour conclure que l’objectif de justice sociale et de l’intérêt des élèves n’est pas celui qui a guidé les choix de notre gouvernement.

Mensonge, toujours !

Les élèves « devront pouvoir suivre une scolarité », a annoncé le Premier Ministre.

Alors que cela était impossible lorsque les enseignant.es étaient en télétravail (mises à part les “astreintes” pour l’accueil des enfants de soignant.es) comment cela deviendrait-il possible lorsque la majorité d’entre nous assureront leur service en présentiel (donc pas en télétravail, il est bien clair que nous ne ferons pas les deux) ?

Depuis quand parle-t-on de “suivre une scolarité” dans les conditions que nous connaissons pour certains de nos élèves ? Et même pour les autres, les parents ne s’improvisent pas enseignant.es…

Qui plus est, dans la période, le but du jeu pour les élèves qui se sont éloignés de l’école pendant le confinement ne pourrait en aucun cas être de rattraper le retard, mais bien de reconstruire un rapport à l’école, une socialisation, de respirer d’un milieu familial qui a pu devenir étouffant, …

Autre engagement théorique

« Chaque famille devra être informée avant le 4 mai » des modalités de retour à l’école des enfants, a déclaré E. Philippe.

Comment imaginer dans les 4 prochains jours les concertations nécessaires au sein des équipes (toujours en vacances par ailleurs !), avec les municipalités et les partenaires pour envisager des critères et des propositions d’organisation aux familles d’ici lundi prochain ? Absurde. Déconnecté. Ou simplement de la com’…

Un projet de rentrée maintenu le 11 mai (en fait le 12…) malgré l’avis contraire du conseil scientifique

Nous aurons des masques pour les encadrants. Voilà donc la grande nouvelle du jour ! Et avec ça, nous devrions accepter de retourner en classe le 12 mai ?